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À Taybeh, depuis l’an 2000

8 août 2025

Mai 1999. Sœur Claudine, professeure de français dans l’école de Taybeh, souhaite ancrer dans la mémoire de ses élèves, uniquement en grade 4 et 5 (CE2 et CM1en France), ce qui a été appris pendant l’année scolaire. La première session de français voit le jour, sous une forme qui évoluera au fil des années.

Juillet 2000 : fortes de leur première expérience, les religieuses de la Sainte-Croix de Jérusalem modifient la structure des journées et adaptent les activités à la période estivale. Les enfants sont plutôt disposés à jouer ? Allons-y ! Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry accompagnera chaque activité en ouvrant aux élèves palestiniens une page de la littérature française.

Jusqu’en 2019, le village de Taybeh s’anime en français dès les premiers jours d’août. Des animateurs français se relaient, année après année, reviennent souvent d’ailleurs, et, parfois aidés par des volontaires de la Délégation catholique pour la coopération et de jeunes Compas des Scouts et Guides de France, s’amusent autant qu’ils ne travaillent pour les élèves de l’école latine. Les thèmes de camp ne sont jamais identiques. La structure même de la session change parfois, en fonction du nombre augmentant chaque année de participants : plusieurs été, deux sessions de français se sont ainsi  succédées, permettant de séparer jeunes enfants et adolescents.

Deux impératifs, immuables : les religieuses, dont la congrégation a été créée par le P. Jacques Sevin sj fondateur du scoutisme en France, proposent un temps de prière au début à la fin de chaque journée. Ceux qui le souhaitent (bon nombre de musulmans sont parmi les plus fidèles participants aux sessions de français) contribuent ainsi à ancrer spirituellement les activités. Autre particularité : comme dans l’aventure scoute, les  des participants se font en équipes d’âge différent. Les plus grands, en fin de 9e (3e en France) prennent soin des plus jeunes, veillent à ce que chacun trouve sa place, ait un rôle, comme dans une patrouille. « Ça marche bien » affirme sœur Nelly, qui a rejoint la petite communauté de Taybeh en 2010. « Le fort protège le faible, devise pilier du projet éducatif scout, prend tout son sens sur cette terre malmenée par les conflits. »

2024 : après un temps d’arrêt imposé par la pandémie mondiale, la session de français reprend. Les activités évoluent, pour en 2025 donner à ces vacances en français une tonalité plus ludique encore.  Un rallye automobile emmène les élèves de l’école latine à travers les régions françaises, chaque journée apportant son lot de découvertes culinaires, culturelles, géographique… « Nous voulons avant tout qu’ils aiment la langue française » affirme sœur Claudine. Les élèves occupent la matinée avec des activités pédagogiques en équipe, rentrent déjeuner chez eux, et reviennent dans l’après-midi, invitant alors qui des voisins, qui un petit frère ou une cousine. Là, ils sont près de 80 jeunes, et préparent la veillée qui se déroule chaque début de soirée, en présence de leurs parents s’ils le désirent. Le scoutisme n’est pas loin…

Entorse à un fer de lance de ces camps en français, la situation tendue autour de Taybeh n’aura pas permis aux participants cet été de courir dans les rues du village pour découvrir comme les années précédentes, lors d’un jeu de piste, le trésor caché par les animateurs. Jeries, Fouad et Kassam, jeunes adultes palestiniens, ont néanmoins apporté cet été leur soutien aux animateurs français. Lien entre les adultes et les jeunes, aide à la compréhension des règles de jeu, autorité aussi lorsque cela est nécessaire, oui, mais la présence de ces trois amis est avant tout un des ferments de la réussite de cette session de français. Chacun vient avec ce qu’il est, sa motivation intérieure, son désir de rencontre. Les adultes se connaissent mieux en entrant en relation avec d’autres, en découvrant l’altérité.

Puissent cette session de français organisée par les sœurs de la Sainte-Croix de Jérusalem depuis l’an 2000, ainsi que toutes les vacances en français qui se déroulent l’été dans les écoles chrétiennes de Terre Sainte, se poursuivre et permettre aux élèves de s’ouvrir au monde.

Photos : communauté Sainte-Croix de Jérusalem