Camp d’été 2011 « Poursuivre la paix » à Ramallah et Jérusalem

Notre projet est né à grâce aux liens entre les communautés catholiques françaises et la Terre Sainte, en particulier avec les écoles chrétiennes au sein du « Réseau Barnabé », pour :

  • Animer un Camp d’été en français dans une école chrétienne de Ramallah ;
  • Découvrir Jérusalem et le monde juif, à travers la rencontre avec des Israéliens.
Première entrée
Dimanche 3 juillet : En route à la poursuite de la Paix en Terre Sainte

« Évite le mal, fais ce qui est bien, poursuis la paix, recherche-la. » (Psaume 33, 15). C’est à l’invitation de cette parole du psaume que notre groupe s’est mis en route. Nous sommes 14 cette année, la plupart étudiants et jeunes professionnels, de 18 à 35 ans, de Paris et de sa banlieue, rejoints par une amie polonaise elle-même professeur de français ! Tous ont le désir de rendre service et de découvrir la vie des communautés en Terre Sainte avec ses richesses et ses épreuves. Départ vendredi 8 juillet au matin pour Ramallah, avant Jérusalem…

Vendredi 8 juillet, arrivée en Terre Sainte
L’aventure a commencé dès l’aéroport de Paris CDG : un groupe de « pacifistes » a décidé d’empêcher notre embarquement et nous avons craint de manquer notre correspondance à Vienne ! Finalement, malgré deux valises manquantes, nous avons été accueillis avec des roses et traités comme des rois dans un hôtel (de luxe) de Ramallah. L’entrée à Ramallah et le spectacle du mur sont assez difficiles, même bouleversants. Les habitants semblent pourtant paisibles. Spécialité locale : la conduite au klaxon !
(Christine et Stéphane)
Samedi 9 juillet : Tout le monde est bien arrivé. Début du Camp

Arrivée sans encombre par Tel Aviv hier. Marie et Nicolas nous ont rejoints par un autre vol au petit matin à Ramallah. Restent deux valises en attente de livraison… Le camp commence ce matin. 76 enfants sont inscrits et sont arrivés de bonne humeur. Une fois n’est pas coutume : ce sont eux qui, après avoir appris les prénoms des animateurs, leur ont transmis la chanson du matin de l’an dernier qu’ils connaissaient encore par coeur ! Bientôt des nouvelles de notre première journée.

Samedi 9 juillet, Premier jour de camp
Aux alentours de 9 h, nous découvrons les soixante-seize jeunes avec qui nous allons passer cette semaine dédiée à « l’exploration ». Les équipes sont rapidement constituées et au travers d’un sketch. Pour le premier jour, les enfants (re)découvrent l’histoire de Sinbad le Marin, en français. La matinée est consacrée aux activités plutôt scolaires (chant, danse, écriture…) et l’après-midi aux jeux de plein air, qui permettent aux différentes équipes de gagner des indices pour placer sur une carte géante l’emplacement de l’histoire du jour : aujourd’hui, l’île où s’est échoué Sinbad. Ce sont les équipes « Lafayette, « Surcouf » et « Charles de Gaulle » qui ont atteint les premières l’île de Sinbad (oui, c’est très interculturel…). Quelle énergie, quel enthousiasme ! Malgré la chaleur et un français plutôt rudimentaire, les enfants adhèrent à toutes les propositions, le football remportant haut la main les suffrages ! Gageons que cette fraîcheur perdure toute la semaine !
(Sébastien)
Un dimanche magnifique en famille
Il n’y a pas de mots pour qualifier tout ce que nous avons vécu ce dimanche mais c’était exceptionnel ! Nous avons participé à la messe catholique de rite grec (melkite), bien différent du rite latin. L’église est remplie d’icônes, avec une séparation entre l’assemblée et le peuple et le prêtre fait plusieurs processions durant la messe. Le pain de la communion peut être surprenant : du vrai pain consacré trempé dans le vin. Les textes de la messe sont entièrement chantés. Avec l’air oriental en plus, même si l’on ne comprend pas, on est touché. Nous sommes allés de surprise en surprise. Après la communion, on nous distribue du pain béni qu’on mange pendant la messe. À la fin, tout le monde se rassemble pour un café ou un verre de jus de fruits, un verre de l’amitié. C’est à ce moment-là que nous sommes appelés pour aller dans les familles où nous sommes invités.
 
La famille qui nous a reçus est une famille modeste avec deux enfants et une fille qui va naître en septembre. C’est très touchant de voir comment ils nous adoptent, comme un membre de la famille. Ils nous confient indirectement leurs doutes et leurs craintes tout en exprimant leur amour pour chacun. Ils sont vraiment généraux, ces Palestiniens ; ils aiment nous nourrir pour tout un mois et c’est juste normal pour eux ! Nous sommes venus pour donner de notre temps, de notre présence et de notre savoir mais, en vérité, c’est nous qui recevons et apprenons le plus. Je rends grâce à Dieu pour cela.
 
Comme mot de la fin, je dirai qu’on a passé un dimanche magnifique parce qu’Ewelina commence ainsi son écho du lundi 11 !
(Dilany)
Lundi 11 juillet, le rythme est pris
Après avoir passé un magnifique dimanche avec les familles de nos élèves, c’est avec joie que nous nous sommes retrouvés à l’école. L’expérience de la journée de samedi nous a permis d’améliorer nos activités et de les mettre au niveau des enfants en trouvant de nouvelles idées. Les enfants commencent à nous connaître. Ils viennent nous voir et les conversations en français se font un peu plus longues.
 
Aujourd’hui, « Jacques Cartier », « de Gaulle » et « Charlemagne » (l’équipe des plus petits) sont arrivés les premiers dans l’estuaire où Sinbad a retrouvé son bateau. « Jeanne d’Arc » et « Napoléon » sont encore un peu à la traîne…
 
Quelques-uns se rendent à la messe à 18 h à la paroisse catholique latine où le père Faysal, curé, les sœurs de Saint-Joseph et d’autres amis nous accueillent. Ils nous remercient de notre présence et sont heureux d’échanger avec nous en français. Des séminaristes venus de Beit Jala près de Bethléem s’y préparent à commencer un camp d’été avec les enfants, mais ça ne sera pas en français !
 
Nous terminons notre journée dans un nouveau café près de notre petit hôtel avec les professeures de français de l’école. Cette joyeuse soirée est tout de même suivie de la réunion de travail quotidienne pour préparer les activités du lendemain.
(Ewelina)
Mardi 12 juillet, le sourire des enfants et la folie des hommes
Notre bateau a maintenant atteint son rythme de croisière. Les appréhensions des premiers jours sont dissipées. Ce sont les enfants qui s’en sont chargés par leurs sourires, leur enthousiasme et leur incroyable soif d’apprendre qui ferait pâlir de jalousie nos meilleures écoles. Si nous sommes à leur service, nous sommes également bien servis par la disponibilité et l’amabilité permanente du personnel de l’école à commencer par la directrice, madame Naela.
Notre petit groupe continue à cultiver son amitié grandissante dans la vie, le travail partagé et dans la prière. Et aucune prière n’est de trop ici pour garder l’espérance face à la folie des hommes. C’est ce que nous rappelle la sœur de Saint-Joseph de l’Apparition à la sortie de la messe qui, sachant que nous nous rendons à Jérusalem le lendemain, nous demande : « Priez pour nous, nous en avons tant besoin ! »
(Nicolas)
Mercredi 13 juillet, entre Ramallah et Jérusalem

Le chant rituel du matin s’enrichit avec l’avancée de notre histoire : Sinbad, Aladin, et maintenant Ali Baba. Les enfants savent les quatre couplets presque par cœur avec les gestes. Nous prenons un sandwich pour tenir jusqu’au soir. En effet, notre groupe est invité par le Consul général à fêter le 14 juillet à Jérusalem. Le passage du check-point entre Ramallah et Jérusalem nous arrête trente minutes. A l’entrée du domaine français de Sainte-Anne, dans la vieille ville de Jérusalem, nous recevons nos cartons et participons à la messe dans la basilique croisée. La messe est célébrée est animée avec les communautés religieuses françaises. Particularité locale : le consul général reçoit les honneurs liturgiques avant que la célébration ne se conclue par la prière pour la République… Lors de la réception dans les jardins des Pères blancs, nous rencontrons religieux et laïcs, français et arabes. Sous un grand drapeau tricolore, le Consul général intervient avant la Marseillaise. De retour à Ramallah, la directrice de l’école nous propose un petit café sur sa terrasse : nous aurons droit aux jus de fruits locaux et au célèbre knafé !

Jeudi 14 juillet, Honneur à la France !
Aujourd’hui, après la prière du matin et l’hymne palestinien, la Marseillaise retentit ! Au rassemblement du matin, nous portons des petits drapeaux français sur nos T-shirt. Tout au long de la journée, les enfants nous ont souhaité une bonne fête. Ils nous ont fait à chacun de beaux dessins, qui je crois trôneront bientôt dans nos chambres, scotchés sur un placard, ou punaisés sur les murs. Ceux qui croulaient sous les innombrables œuvres d’art pourront donc en faire une belle frise ! À travers les activités du matin, le spectacle commence à prendre forme. La plupart des enfants sont motivés, ce qui fait plaisir à voir.
(Marie)
Vendredi 15 juillet, Découverte du trésor

Je vais vous raconter la journée en détails, ou au moins essayer. Petite anecdote pour commencer : je suis un peu le retardataire du groupe, mais ce jour-là, je ne l’étais pas. La journée commence bien, comme d’habitude. Ce vendredi, nous conservons les mêmes équipes toute la journée dans les activités pour préparer le spectacle devant les familles. C’est l’équipe Napoléon qui commence par annoncer aux parents, en français et en arabe, les équipes et ce qu’elles vont présenter. Le but de notre partie était de montrer que l’on peut apprendre le français en s’amusant et en faisant du sport. Cela consistait à faire un relais avec un ballon, chacun à son tour disant : « Je m’appelle… et je passe le ballon à… ».

Dans nos petites scénettes du matin, je jouais le personnage d’Ali Baba. Pour finir le spectacle devant les parents, je fais une entrée surprise très remarquée au milieu de la salle avec le trésor à la main. J’ai pris mon rôle très au sérieux et ce fût un moment magique pour moi ainsi que pour les parents, sans oublier la joie des enfants de retrouver ce trésor tant recherché au long de la semaine. Arrivé sur scène, le coffre au trésor est ouvert et chaque enfant reçoit une médaille dorée de Notre-Dame de Paris en souvenir de ce camp d’été en français. Après cette représentation remplie d’émotion, nouveau moment de joie avec les enfants et les parents qui nous félicitent.

De retour à l’hôtel, nous nous préparons rapidement car la directrice nous a tous invités au restaurant. C’est un moment très marquant et l’occasion de faire mieux connaissance avec les professeurs de français de Ramallah avec qui nous n’avions pas eu le temps d’échanger tant que nous avions les enfants avec nous. Ce fût très sympathique. Lors de notre sortie du restaurant, nous avons eu la chance d’assister à la fin d’un festival de danse traditionnelle en plein air. Ce soir-là, j’ai vu une ville comme toutes les autres présenter ses racines de la plus belle manière qui soit !

(Yannick)
Samedi 16 juillet, Dernier jour du camp
Heureux du spectacle de la veille, les enfants reviennent pour une dernière journée. Elle commence par un long temps de chant dans le théâtre. Les petits de l’équipe Charlemagne reprennent, en se dandinant, « Savez-vous plantez les choux », puis tous les enfants chantent en harmonie « Terre rouge, terre de lumière ». Diana, professeur de français à Naplouse, est venue nous rejoindre pour la journée. Elle est heureuse d’échanger avec nous. Notre matinée de jeux se termine en dansant le « dabke » traditionnel avec les lycéennes volontaires et les enfants. Puis nous sommes invités dans des familles. La mère de Theresa, que nous avions vu nettoyer le sol de l’église avant que son fils, chantre, nous aide à prier le lendemain à la messe, nous introduit dans sa maison. Sur le mur, une tapisserie palestinienne avec le Notre-Père en arabe. « Quand les soldats israéliens ont occupé la ville pendant en 2002, nous n’avons pas cessé de prier, terrés dans nos maisons. Un jour, des soldats ont frappé à notre porte. Nous leurs avons dit que nous étions chrétiens. Ils sont repartis rassurés. » En nous recevant, la mère de Theresa est un signe d’humilité, de douceur et d’espérance.
(Emmanuelle)
Dimanche 17 juillet, Havre de Paix entre Ramallah et Jérusalem

Départ matinal de Ramallah après une longue et bonne semaine avec les enfants qui nous manquent déjà. On prend la direction d’Abu Gosh pour y passer la journée avant d’arriver à Jérusalem. A notre grande surprise, le check-point a été rapide, avec un soldat israélien sympathique. Nous arrivons à Abu Gosh en avance, ce qui nous permet de découvrir ce petit coin de paradis dans un village musulman. Le frère Olivier est un personnage exceptionnel, par sa façon d’être — un homme plutôt rigolo — mais surtout par ses témoignages et son espérance pour la paix. Il nous invite à surveiller notre discours pour, comme dit monseigneur Charles, ne pas jeter de l’huile sur le feu mais plutôt mettre de l’huile dans les rouages. C’est gentil de sa part de nous avoir accueillis, présenté la communauté, et d’avoir pris du temps pour discuter avec nous avant et après la messe.

La messe est en français, animée par les moines et les moniales d’Abu Gosh. Ce n’était pas la première fois pour moi, car je connaissais le monastère du Bec-Hellouin où toute la communauté se retrouve dimanche seulement alors qu’à Abu Gosh, moines et moniales sont ensemble pour tous les offices. Certains ont été touchés par les chants pendant la messe, ce qui aide vraiment à prier. Avant la bénédiction finale, le père Charles, abbé, nous délivre spécialement un message : N’ayez pas peur des paradoxes et bénissez vos ennemis. Il faut fermement croire à la paix. Gardez le regard innocent de la jeunesse, sans vous laisser polluer les discours désespérés et qui ne juge pas : un regard de lumière sur notre humanité.

Après un petit pique-nique dans les jardins sublimes du monastère, après-midi était reposante : promenade à Quiriat-Yéarim pour certains, sieste pour les autres. Notre visite à Abu Gosh se termine par les vêpres suivie de quelques moments d’échange très enrichissants avec toute la communauté. La visite à Abu Gosh a été une très bonne transition entre Ramallah et Jérusalem. Le soir, nous arrivons à Jérusalem, au couvent de l’Ecce Homo, où nous nous sommes bien installés dans les dortoirs. Certains ont passé une bonne nuit de sommeil alors que d’autres étaient dérangés par les muezzins, et les coqs !

(Dilany)
Lundi 18 juillet, Montée à Jérusalem

Ce lundi a été un jour riche en rencontres. En effet, dans la matinée nous avons pu rencontrer Motty, un Juif ayant accompli sa montée il y a déjà plus d’une dizaine d’années. Ce père de deux enfants m’a fortement marqué grâce à son témoignage plein de vitalité. J’ai senti un homme plein d’enthousiasme et qui n’est pas prêt à baisser les bras et à laisser l’histoire de son pays se faire sans lui.

En revenant au xixe siècle, il nous a permis de mieux comprendre ce pays qui ne cesse d’étonner par sa complexité. Plus nous avançons dans nos rencontres, plus nous comprenons que nous ne saisissons pas tout. Ce qui est touchant c’est que malgré toutes les tensions politiques et une situation sous tension, c’est que Motty ne manque pas de rappeler que les erreurs ont été des deux côtés. Malgré tous ces drames, les hommes ne cessent de se rencontrer, non seulement pour faire du commerce mais aussi par pure amitié. Je me remémore l’anecdote de Motty disant qu’il était invité chez son ami musulman durant le Ramadan.

Le second témoignage de la journée fut donné par un jeune Juif récemment immigré. La dimension spirituelle était bien plus prégnante que dans le témoignage précédent. David, en effet, en revenant en Israël semble avoir beaucoup grandi spirituellement grâce à sa montée. Comment ne pas le sentir quand ce jeune garçon timide s’exalte en parlant du calme magique qui descend sur la ville au moment du sabbat ! C’est une manière de nous ouvrir l’appétit pour la soirée de vendredi. La montée ici n’est pas un geste nationaliste ou revendicatif mais une poussée intérieure.

Ces deux moments constituent pour moi des opportunités d’avoir des rencontres avec des autochtones intéressants que nous n’aurions sans doute pas vus si nous étions venus seuls. De plus, ces rencontres sont aussi des preuves que le dialogue est possible entre Juifs, Chrétiens et Musulmans dans cette terre qui vit des instants difficiles où chacun paraît se renfermer sur soi.

(Stéphane)
Mardi 19 juillet, Visite à Bethléem
Tôt le matin, nous nous sommes rendues au Kotel, communément appelé « Mur des Lamentations ». Après un contrôle systématique de sécurité, nous nous sommes avancées vers le mur qui est une petite partie du mur de soubassement du Grand Temple. Il est séparé en deux parties, une partie plus petite réservée aux femmes ; à gauche l’autre partie réservée aux hommes, plus large, car c’est le lieu le plus proche du Saint des saints, le premier haut lieu saint pour les juifs. Les hommes, même non juifs, doivent se couvrir la tête et les femmes les épaules. Les ultra-orthodoxes prient avec tout leur corps en se balançant en avant et en arrière tout en touchant le mur. Nous les entendions parfois pleurer en récitant leurs prières. Lorsqu’ils ont fini de prier et en signe de piété, ils marchent en reculant afin de garder les yeux fixés sur le mur. Ce qui nous a le plus frappées est leur piété et les vêtements des hommes et des femmes ultra-orthodoxes qui semblent avoir gardé la mode vestimentaire du dix-neuvième siècle.
 
Puis, en transport en commun, nous sommes allées à Bethléem, territoire palestinien au sud de Jérusalem, c’est une ville entourée de collines arides. Nous nous sommes alors imaginés Joseph et Marie, enceinte, et la difficulté qu’ils ont éprouvée à faire ce voyage. Nous ne pouvions nous empêcher de ressentir l’oppression qu’exerce le mur de protection ? de « séparation » ? Nous avons visité la basilique de la Nativité reconnue comme le lieu où Marie a enfanté. Nous avons été surpris par le manque de sobriété alors que la naissance de Jésus s’est déroulée dans le dénuement le plus total. Ce lieu très petit ne désemplit pas et de fait le temps octroyé par les religieux orthodoxes est très limité. Cela nous laisse peu de temps pour la vénération et la prière. Heureusement nous avons pu nous réunir pour prier dans une église de rite latin à la Grotte du lait. Nous avons terminé notre visite par l’achat d’objet en bois d’olivier.
(Laure)
Mercredi 20 juillet, Rencontre autour du Dôme du Rocher

Pour quatre parmi nous, la journée a commencé tôt. A sept heures moins le quart nous sommes partis au Saint-Sépulcre pour voir le tombeau du Seigneur au soleil levant. L’expérience était réussie et particulièrement touchante pour moi. L’église était encore quasi déserte et elle m’a paru plus accueillante qu’hier soir. J’ai revu la tombe du Christ et pour la première fois je me suis agenouillée devant la croix pour toucher le rocher. Hier soir, la pensée que je me trouve si près de l’endroit où Jésus a rendu sa vie pour nous, pour moi, m’a complètement paralysée.

Après le petit déjeuner, nous sommes allés à l’Esplanade des mosquées, ancien Mont du Temple. Quelques femmes musulmanes étaient assises en train de prendre leur repas au pied du Dôme du Rocher. En nous voyant, elles ont fait le signe pour que nous nous approchions. Elles ont partagé leur simple repas avec nous ! En plus, nous avons eu en cadeau deux plats à emporter !

Sandrine et moi, avec l’aide de Jean-François, avons préparé la prière. Sachant qu’on ne nous laissera pas prier ouvertement dans ce lieu saint pour les musulmans, nous avons décidé de lire deux passages de la Bible et de ne pas chanter. Mais le groupe s’est mis à murmurer un refrain. Un gardien est venu en vitesse pour nous crier en anglais « Stop, there’s a trouble ! ». On s’est arrêtés en le regardant. Il a ajouté : « Sorry! ».

Un peu plus tard, en se promenant toujours sur l’Esplanade en petit groupe, nous avons été arrêtés par un homme âgé. Il nous a demandé notre pays d’origine. En voyant que nous comprenions l’anglais, il nous a lancé ce mot chaleureusement : « Welcome, welcome! Have a great time here! It’s beautiful, isn’t it? » Vraiment, l’esplanade du Temple reflète bien ce pays où nous sommes soit regardés avec méfiance, soit accueillis à bras ouverts.

(Ewelina)
Jeudi 21 juillet, Mazel Tov !

Mazel Tov ! Ces cris de joie remplissent l’esplanade du Kotel dévolue comme tous les jeudi matins aux bar-mitsvot. La fête est familiale : les hommes entourent le jeune de 13 ans qui, par cette lecture publique de la Torah, rejoint leur communauté tandis que les femmes observent de l’autre côté de la clôture, prêtes à couvrir leur protégé de bonbons. Le calme et le recueillement de nos cérémonies est bien loin ; ici c’est le fourmillement bruyant, désordonné et ouvert du peuple d’Israël qui chante sa joie.

Rassasiés de bruits de fêtes, nous découvrons le quartier juif de la vieille ville, qui tranche son ordonnancement et la mise en valeur des vestiges antiques. Après le repas, nous prenons un long temps de prière pour commémorer la Cène à la chapelle de la Dormition sur le Mont Sion, avant de nous diriger vers l’institut biblique pontifical où nous attend le père de Gasperis.

Ce jésuite, présent depuis 37 ans en Israël, nous a livré, par des mots longuement pesés, sa vision du pays. Il y aurait trop à dire tant l’intervention était de qualité ; voici quelques points qui m’ont particulièrement marqué. Le retour d’Israël en Terre Sainte correspond à un projet de Dieu ; mais comme tout retour il peut être vécu de deux façons : soit comme le désir de redonner vie aux modes de vie du passé, soit comme un tremplin vers l’avenir. Ces trente dernières années, la position de la société s’est durcie à cet égard avec l’affirmation de l’idée d’un État réservé aux seuls juifs. Cette idée est, selon lui, une grave erreur qui ne tient pas compte de la réalité décrite dans la littérature prophétique (Isaïe, Ézéchiel)…

Pour achever cette journée, nous sommes descendus dans les entrailles de notre hébergement là où la ville romaine construite par Hadrien affleure. Ce décor nous a servi à entrer dans la Passion que nous célèbrerons demain.

(Sébastien)
Vendredi 22 juillet, Méditation de la Passion
Dès 6 h du matin, le groupe se retrouve sur la terrasse pour un rapide café et un début de petit-déjeuner. Nous montons en haut du Mont des Oliviers jusqu’à l’hôpital Augusta Victoria. Au bout du jardin, une vue plongeante plein Est sur les villages et surtout sur les premières collines désertiques surplombant la dépression du Jourdain et de la Mer morte. Première méditation : le Seigneur nous donne le choix de la vie ou de la mort. Après un temps de recueillement, nous reprenons la direction de la vieille ville de Jérusalem par des petites routes abruptes et commençons notre méditation sur Gethsémani et l’arrestation de Jésus devant une croix et une branche d’olivier. Après un passage par la vallée du Cédron, remontée vers Saint-Pierre en Gallicante. Là, deuxième méditation : le procès et le reniement de Pierre. Nous nous arrêtons enfin au pied des murailles de la ville pour méditer sur la crucifixion.
 
A suivre : préparation du shabbat et entrée en shabbat dans les familles.
(Béatrice)
Samedi 23 juillet, Du shabbat à Jésus

Aujourd’hui, journée libre, on en a profité pour acheter des souvenirs de Jérusalem. Le matin, quelques-uns se rendent à l’office du shabbat dans une synagogue de « juifs messianiques » ; on devrait peut-être dire : juifs qui confessent que Jésus est Seigneur. Nous y avons rendez-vous avec un juif français depuis peu à Jérusalem et avec qui nous avons partagé l’entrée en shabbat hier soir dans une famille. L’accueil est chaleureux, dans une salle de prière très simple et tout à fait semblable à n’importe quelle petite synagogue de quartier. Les bénédictions « Baruch ata Adonaï » (Bénit sois-tu Seigneur) sont suivies de bénédictions similaires envers Yeshoua qui est Adonaï… L’office se déroule comme dans toute synagogue jusqu’à ce qu’une lecture soit ajoutée à celle de la torah puis des prophètes : aujourd’hui, c’est la tentation au désert dans saint Matthieu !

Mgr Joseph-Jules ZEREY dans sa cathédraleMonseigneur Joseph-Jules ZEREY, évêque à la tête de l’Église grecque-catholique melkite de Jérusalem, nous a invités pour le déjeuner. Il tient à nous remercier pour l’animation du camp d’été de son école à Ramallah. Avant le déjeuner, il nous fait visiter sa belle cathédrale. Les icônes sont vraiment magnifiques ; elles content toute l’histoire de Jésus. Nous avons même pu entrer dans le chœur, derrière l’iconostase. Monseigneur Jules parle des icônes et de sa vie mais, commentant l’icône de la Transfiguration, il a cette petite larme qui nous a émus ; c’est un homme comique qui parle ouvertement et à ce moment, il s’est mis à nu devant nous. Nous avons eu un beau moment de silence, que monseigneur Jules coupe vite avec une de ses fameuses anecdotes ! Après le déjeuner, on a eu l’occasion de rencontrer le Père Joseph avec qui on a longuement parlé autour d’un thé ou d’un café. On s’est attardés sur la situation politique d’Israël, comme toujours ce fut un sujet délicat. À chaque fois qu’on parle de cette situation, on est de plus en plus confus.

Pour finir en beauté cette journée, nous sommes allés prier au Kotel (Mur des Lamentations) et avons eu l’occasion de voir les juifs sortir de leur shabbat.
(Dilany)

Dimanche 24 juillet, Yad Vashem : garder mémoire de ce qui est bon

« Je leur donnerai un nom éternel qui jamais ne sera effacé » (Is 56,5)

En nous faisant visiter le musée historique du mémorial des victimes et des héros de la Shoah, Shlomo Balsam nous répète :
Que reste-t-il de l’homme quand on lui a tout pris ?
Quand 1,5 millions d’enfants ont vu leur vie et celle de leur descendance arrachées.
Quand le chant, la musique, les rires sont interdits.
Quand les numéros remplacent les noms jusque dans les expériences médicales les plus cruelles.
Quand les femmes se voient voler jusqu’à leur beauté et leur féminité.
Quand une mère en est réduite à se demander si elle doit mourir avec son bébé ou l’abandonner aux mains d’une autre.
Quand le silence du monde s’abat sur les victimes.
Que reste-t-il de l’homme ?

Hall des noms, Yad VashemIl reste les poèmes et les articles d’un rédacteur en chef de 15 ans dans son journal pour les enfants. Il reste les 5e et 9e symphonies de Beethoven qui, chantées par les enfants de Theresienstadt un soir d’avril 1943, ont ému même les bourreaux. Il reste l’acte apparemment sans lendemain du docteur Samuel qui faisait semblant de stériliser les femmes, dans l’espoir fou qu’elles enfantent tout de même un jour. Il reste cette femme qui, un jour de 1945, se jura d’être toujours la plus belle et de donner la vie à des enfants pour se venger de la mort.

Il reste cette mère juive qui aime tellement son bébé (Jakov, qui nous raconte aujourd’hui son histoire) qu’elle le confie à une catholique polonaise plutôt que de le voir mourir, sans espoir de le revoir un jour. Pendant plus de trente ans, la maman polonaise ne pourra pas dire la vérité à son fils qu’elle a élevé et aimé comme le sien, jusqu’au jour où ces mots jailliront : « Tu as eu des parents magnifiques, ils t’aimaient beaucoup ; ils étaient juifs. Je n’ai fait que te sauver de la mort ».

Que reste-t-il ? Une mémoire et un nom, « yad va shem », pour ceux qui n’auront pas de descendance.

Si le gouffre de la mort et l’abîme du mal commis par l’homme nous semblent parfois insondables, c’est toujours vers la vie et la recherche du bien que nous devons aller. Pour assurer la victoire de la vie sur la mort, il faut certes ne rien oublier, mais aussi transmettre et garder la mémoire du bien.
(Nicolas)

Une rentrée en chanson

Une rentrée en chanson

C’est aujourd’hui la rentrée des classes pour les élèves des écoles de Terre Sainte ! Bon courage…

Mon pays…

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« Le camp a commencé maintenant depuis quelques jours. Les activités sur le thème « Mon pays,…

Quand l’appétit va

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… tout va ! Les vacances en français animées dans l’école latine de Taybeh par une équipe de…

Autour du monde

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